Jusqu'à présent le mécanicien n'est pas en mesure de savoir si un obstacle dangereux se trouve sur un PN. (sauf sur les 47 PN équipés en CSA, voir plus loin).
Avant d'aller plus loin quelques précisions s'imposent :
Les PN excepté les PN de type SAL 0 (qui n'ont pas de barrières) sont commandés par les pédales de voie.
Le train en roulant sur la pédale commande la fermeture du PN puis son ouverture.
Sur le plan conduite le mécanicien est averti de la présence d'un PN par le classique panneau de signalisation composé d'une inscription PN plus numéro du PN écrite en blanc sur le panneau carré de couleur noire.
Si le trajet l'impose par la forme du tracé un ralentissement en amont est indiqué par les signalisation T.I.V. (T.I.V. = Tableau Indicateur de Vitesse) classiques (T.I.V. fixe à distance, à distance mobile, à rappel mobile et le panneau Z).
Mais rien ne lui permet, surtout si le profil de voie est courbe, de savoir si un obstacle est sur le PN. C'est donc à l'automobiliste et au piéton de respecter la signalisation des PN. Sur les 15.459 PN en service la plupart sont de type SAL 2, formés de deux demi-barrières, une sur chaque accès à la voie ferrée, équipés d'une signalisation lumineuse et sonore, à l'approche du train les lampes rouges clignotent, la sonnerie se met en route, et concomitamment les barrières commencent à se fermer sept secondes après le début de la sonnerie elles sont complètement fermées huit à dix secondes avant l'arrivée du train.
Alors pourquoi il y a des accidents ?
Chaque jour, 16 millions de véhicules empruntent les 15 000 PN !
Dans 98 % des cas, l'accident résulte de « comportements inadaptés des usagers » : impatience, trajet si connu qu'il entraîne une baisse de vigilance, non-respect du Code de la route (vitesse excessive, passage en chicane, non-arrêt au Stop). Une étude en 2015 a montré que près de 20 % des personnes interrogées déclaraient « avoir déjà pris un risque au moins une fois » lors du franchissement d'un passage à niveau. C'est grave ! Cela signifie que des conducteurs prennent le risque de franchir un PN alors qu'un train est en approche !
Pour rappel un train ne s'arrête pas avec la même distance qu'un véhicule, quelques exemples :
Un train de marchandises de 40 véhicules et d’une masse de 1700T circulant à 100km/h, s’arrêtera en 900m.
- Un XTER (Thermique) d’une masse de 120T circulant à 120km/h, s’arrêtera en 610m.
- Une Z2N (Matériel Transilien à 2 étages) d’une masse de 300T circulant à 120km/h s’arrêtera en 650m.
- Un double TGV d’une masse de 1000T circulant à 200km/h s’arrêtera en 1300m et de 3km minimum à 300km/h.
Si le conducteur du véhicule respecte la signalisation il n'en reste pas moins 4 possibilité d'accident :
1) le véhicule tombe en panne étant engagé dans le PN
2) le MBA du PN est en panne (MBA mécanisme de barrières automatiques)
3) il s'agit d'un PN SAL 0 : Comme son nom l'indique ce type de PN n'a pas de barrière, et la signalisation optique et sonore est en panne.
4) la pédale de voie commandant le PN est en panne.
Les solutions :
Aménager voies ferrées et circuit routier (ponts, passerelles etc). Pour supprimer un PN « prioritaire » deux solutions : passer au-dessus de la voie ferrée en créant un pont, ou en dessous en creusant un tunnel. Le coût varie alors entre 3 et 15 millions d'euros, et c'est souvent plus proche de 15 que de 3.
Un exemple : la suppression du PN n° 33 situé à Baillargues dans l'Hérault. Il s'agit de le remplacer par un « pont-rail ». La facture est proche de 10 millions d'euros. On voit tout de suite que procéder à l'aménagement des 15.459 PN couterait un prix colossal.
Autre piste qui serait intéressante, la détection d'obstacle présent.
42 PN sont déjà équipés de CSA ( Contrôle sanction automatique) par radar afin de détecter le passage en chicane. En 2015, DSCR a décidé de moderniser les systèmes en place et a convenu avec SNCF Réseau de développer un nouveau système « 2 en 1 » : un « CSA nouvelle génération » qui détectera le passage en « chicane » mais aussi le véhicule arrêté. Si le nouveau CSA est satisfaisant, il pourra équper certains PN.
Des détecteurs d’obstacle d’un tout nouveau type sont actuellement testés sur 7 PN. Ce sont des DOPN (détecteurs d’obstacles aux passages à niveaux). Plusieurs technologies de pointe sont donc testées sur 7 sites d’expérimentation, comme le radar centimétrique tournant (capable de détecter la présence d’automobilistes à partir de mesures physiques) ou encore la télémétrie laser infrarouge (offrant davantage de précision lors de la détection).
Mais tout celà à un coût ! Et donc généraliser les CSA et les DOPN ça va pas se faire en trois temps trois mouvements.